mercredi 6 février 2013

Le planqué

introspection illustrée, n°3

Je me suis  trouvé un principe particulièrement génial: si le lâche est absolument incapable de faire le bien, il est tout aussi incapable de faire le mal. Depuis, je suis un lâche.
Rien ne me heurte, rien ne me hérisse les cheveux sur la tête - je m'efforce qu'il en soit ainsi. Si on me pose une question, je prends parti d'un côté, puis de l'autre, comme la plus artificielle des dissertations; du moins je tempère toujours mon avis, craignant l'erreur. La réponse est la même: oui et non; le relativisme est facile, mais sûr.
Corollaire: la colère est ridicule, l'intransigeance orgueilleuse; le monde est bien trop plein d'exceptions pour qu'il en soit autrement. Il y a longtemps que j'ai renoncé à prendre parti pour quoi que ce soit d'un peu complexe, vu qu'il y aura toujours une voix goguenarde, sortie de nulle part, pour tirer dans le dos de l'orateur: "Certes, mais..."

Et, malgré ça, chaque jour je me flagelle de manquer d'audace.
Certes non, ce n'est  pas triste! Intranquille serait plus exact, si vous comprenez la référence; mesdames et messieurs les laconistes, salut.

Voilà la référence. Je suis un portraitiste exécrable, alors j'ai laissé quelqu'un faire celui-ci pour moi. Ceux qui ne connaissent pas n'ont qu'à taper Fernando Pessoa sur Guugule, et peut-être prendre connaissance de l'oeuvre de cet immense poète. Source: htmlgiant.com

5 commentaires:

  1. Je ne vais tout de même pas commencer par "certes, mais"...
    C'est compliqué de signifier, cependant le fait que vous ayez eu envie de le dire prouve déjà que vous vouliez signifier... C'est horrible, non?
    Je suis loin d'être le premier à le dire, mais de ce point de vue la condition de l'écrivain devient absurde (n'est-ce pas si mal?). Après tout, on a toujours la prétention de faire ce qu'on ne fait pas. Pour Honorine (désolé, je m'éloigne du sujet), j'avais d'abord pensé à romancer, à faire de son engagement une sorte de journal intime. Mais un fâcheux événement à propos de Ben Laden et d'un grand verre de Porto, qui ne doit pas vous être inconnu, m'a fait changer d'avis. En la rapprochant de la littérature, j'en faisais un être littéraire (ça avance vite), or c'est un problème pour l'engagement; un texte littéraire s'imprime dans l'esprit, il laisse peu de place à l'avis du lecteur. Si le lecteur n'est pas d'accord, je perds tout mon lectorat (ça va vite, hein!). M'engager par un article concis, expéditif, sans complexité, simplet à la rigueur, le lecteur perd l'idée de littérature, il a vite lu, ça lui laisse le temps de penser, et finalement je le convaincs mieux, même si au départ il n'était pas d'accord, être simpliste a ses bons côtés. Cependant, je ne veux pas oublier la littérature pour me consacrer qu'à Honorine, ce serait malheureux, aussi j’élabore des métaphores complexes pour ma pouésie. Là, c'est le chemin inverse; ça demande un vrai travail au lecteur, et la "technique", la recherche déployée prend bien plus de valeur que l'engagement.
    Désolé d'avoir été long, mais il me semble que ça vient prouver que signifier, c'est pas si mal. Je vous engage à ne pas en avoir peur, on pourra toujours vous apprécier pour votre technique...

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    1. Je ne pense pas que Pessoa attendait qu'on prenne les fragments de son merveilleux Livre de l'Intranquillité comme une confession, et encore moins qu'on lui donne conseil en conséquence (mais de ce côté là, il ne risquait rien: cet ouvrage fut publié à titre posthume).
      Moi, c'est pareil, alors laissez: c'est tellement beau ainsi, l'introspection...
      En tout cas, merci d'avoir commenté. Mais, par pitié, cesse de me vouvoyer! Tu me vouvoies quand on boit le porto ensemble?

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  2. Il existe une prise de position pour cela, très juste, utile et polyvalente, et faisant autorité car antique: "Rien n'est vrai, tout est permis" (Principe Ismaëlien), continuation logique du "Vanitas Vanitatum et Omnia Vanitas" biblique (qui nous autorise même à parler latin sans raison particulière). A mon avis il faut prendre position et même la colère est constructive, ou peut l'être, peut être préférable au silence (ça dépend comment bien sûr, voir gauchedecombat et ses primates enragés- de toute part des gens qui feraient mieux de se taire, moi aussi peut-être: à toi de voir en l'occurence). Au fait, j'essaie juste d'apporter un point de vue, des éléments, alors ne me traite pas de prof, nom de Zeus.

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  3. Quand à la réponse de l'aimaaââble... (hips) Tripo... da...
    C'est exa... Exatecment... (hic) Exactement çsssaââa...
    (hips)

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  4. Quand à M.Nain, je tiens à préciser que les "socialistes" et "gauche de combat" du genre sont loin d'être les seuls à se moquer du citoyen de façon outrancière, et à préférer signer de juteux contrats avec les technocrates de la finance. En politique, c'est pourrait-on dire académique, le genre de choses que tout bon élève de sciences po' sait, mais ne prononce jamais.

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Je vous écoute.