mercredi 12 décembre 2012

L'idée et l'acte

Une femme parle de ses clients. La concernant, quel est le premier métier qui vous vient à l'esprit?
Mais non, je n'accuse personne. Il n'y a d'ailleurs là rien de mauvais ni même de sexiste: tant que l'idée n'a pas quitté en acte l'intimité de l'esprit, elle est par essence innocente, puisqu'incapable de produire le mal. Ce fait élémentaire (et qui semble pourtant échapper à la majeure partie de l'humanité) explique entre autres qu'on puisse sans reproche avoir les fantasmes qu'on veut. En parler ou les accomplir, j'en conviens, c'est autre chose.

4 commentaires:

  1. Cela n'empêche pas de se surprendre parfois à penser des choses révoltantes pour soi-même.
    Il y a sans aucun doute une dualité de l'esprit, mais je n'aime pas les idées de "conscient" et d'"inconscient". À la limite, je parlerai d'"esprit primaire", l'esprit personnel, et d'"esprit secondaire", celui qui interagit avec les autres par la parole. Donc, parfois, notre esprit primaire place dans notre tête des idées pas acceptables pour l'esprit secondaire, des choses qu'on ne dirait pas.

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    1. Pardon, mais je ne saisis pas bien la nuance entre conscience et esprit secondaire, inconscient et esprit primaire; et je ne pense pas qu'on puisse réduire la "pensée consciente" - terme que tu ne sembles guère apprécier - au rapport qu'elle a avec les autres. Rappelle-toi que la plupart des grandes idées philosophiques sont nées à l'écart de la foule (pense à Descartes et son poêle), et, de fait, n'ont jamais très bien vécu d'être mises au contact de cette dernière. Il n'y a qu'à voir ce que je suis en train de faire de tes belles idées... Crois-le ou non, je le regrette.

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  2. D'où vient-il que j'aie pensé à "avocate" en n'ayant lu que la question et "boulangère" après avoir lu le reste du texte?
    Concernant ce reste du texte: prenant l'exemple des religions grecques, jusqu'au temps de Platon tout allait bien tant que le rite était respecté à la lettre, quoi qu'en pensent exécutants et spectateurs et tout le monde est content (d'autant que la cérémonie s'achève en général sur un dîner); mais après, l'intention devient plus importante que l'acte même. Et ne l'est-elle pas? Si quelqu'un veut faire tomber une armoire sur la tête de quelqu'un et n'y arrive pas, il risque plus lourd que quelqu'un qui aurait réussi sans le vouloir.
    Il semble que ce soit au contraire l'acte qui dans sa bêtise d'exécutant dans le réel soit innocent, et coupable la pensée qui se cache derrière tout ça.

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    1. Avocate? Boulangère? Par moi, me voilà ridicule. Je dois vraiment avoir de drôles d'associations d'idées, et plutôt malsaines. Et puis, je me retrouve une fois de plus entraîné dans la cour des grands où mes sophismes n'ont plus cours; j'ai horreur de ça. Mais continuez à enseigner, ça vous va bien.
      N'empêche, je pensais n'avoir pas pris trop de risques avec ce long aphorisme; et, à la réflexion, il me semble toujours valide. En effet, si l'on reprend l'exemple d'Obélix tentant de faire choir un menhir sur la tête du druide (ou quelque chose comme ça), et si le menhir, par miracle, tombe à côté de son crâne chauve, l'acte non abouti n'en est pas moins un acte, soit une déclaration ouverte des sinistres idées qui en sont à l'origine et qui n'auraient pas dû souffrir si elles n'avaient ainsi tenté de s'accomplir dans le réel. C'est bien du secret de l'esprit que je parle, et une pensée peut très bien être mauvaise en étant innocente, ce n'est encore qu'une intention, et on n'accuse pas quelqu'un d'un crime qu'il n'a pas commis; la question est alors de savoir si la pensée est encore là au moment précis où le menhir quitte les mains du terroriste en braies, mais il me semble bien que c'est à cet instant que les regrets s'installent.

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Je vous écoute.