Ce billet inhabituellement militant nous vient d'un certain Magnosa que vous trouverez en lien ci-contre. Le message me semble de première importance. Sans doute, nous n'y pourrons rien, mais sachons au moins ce qui pèse sur nous. Cela me semble être le strict nécessaire.
Nota bene: je le reproduis ici tel quel et sans coupures de travers par simple respect pour son auteur, même si ma bien-pensance de faiblard me commanderait de nuancer certains points (la fraternité notamment).
Il était une fois un internet libre...
... où tout le monde pouvait mettre en ligne ce
qu'il voulait, s'exprimer librement et surfer sans crainte sur le web.
Bien sûr, il y avait quelques soucis, parfois il transmettait des virus,
et dans les pires des cas certains de ses membres profitaient de son
ouverture d'esprit pour planifier des actes affreux. Cependant, dans
l'ensemble tout allait bien, ces problèmes n'étant qu'une infime partie
de son immensité. Il devenait de plus en plus fréquenté, et devenait
même une source de fraîcheur dans la vie morne de nombreuses personnes
qui y trouvaient un moyen d'échapper à la routine journalière "métro,
boulot, dodo". Et puis un jour, des gens hauts placés et "bien pensants"
sont arrivés, et Internet changea. Fin.
Je pense que vous
l'aurez remarqué, 2013 est une année bien sombre pour le net. Il y a
deux jours, Youtube mettait à jour sa politique CMS, menaçant ainsi ses
petits membres (Ombriste en a d'ailleurs fait les frais) et se tournant
vers une démarche de contrôle absolu et d'exploitation commerciale de sa
communauté. Youtube qui, racheté par Google, avait déjà signé la mort
de la liberté d'expression en forçant au silence tous ceux qui ne
disposaient pas d'un compte Google+ et en permettant d'identifier à 100%
l'auteur d'un commentaire qui en avait un. Aujourd'hui, c'est avec des
yeux révulsés par l'horreur de la chose puis complètement blasés que
j'ai lu l'adoption par NOTRE Sénat, suivant l'exemple de NOTRE Assemblée
Nationale (cocorico !) de leur loi de programmation militaire qui
alimentait la controverse depuis un moment. Pour ceux qui n'ont pas
suivi, voici ce que cette loi permet :
- la capture en temps
réel d’informations et de documents (qui« peuvent être recueillis sur
sollicitation du réseau et transmis en temps réel par les opérateurs aux
agents mentionnés ») auprès aussi bien des hébergeurs que des
fournisseurs de service.
- de requérir ou capturer des «
informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou
services », et non plus seulement des données de connexion.
-
l’élargissement de la liste des administrations qui peuvent requérir
ces interceptions ou captures, par exemple au ministère de l’économie et
du budget.
- l’élargissement des finalités de ces mesures à
la sauvegarde du « potentiel scientifique et économique de la France »
et à la prévention « de la criminalité ou de la délinquance organisées
».
Bien évidemment, interdiction de s'insurger, puisque,
comme l'affirme si bien maître Alain Bensoussan, "cette loi est un
véritable mieux par rapport à la situation actuelle. Le processus est
bien plus transparent et permet une traçabilité de la surveillance".
Bien sûr. Cool. Je résume avec mes mots l'idée qui se cache très loin
là-dessous : "Vous faites quelque chose d'illégal ? Qu'à cela ne tienne,
faites simplement passer une loi qui légalise cela !" Notre cher avocat
n'est en revanche pas tout à fait d'accord avec l'idée que la lutte
contre la criminalité rende optionnelle l'intervention d'un juge au
profit d'un pouvoir décisionnel indiscutable de tous les corps auxquels
s'étendent la loi. Dans un futur proche, on pourra donc peut être vous
envoyer en prison du jour au lendemain sans passer par la case procès.
Démocratie avez-vous dit ? J'ai pour ma part ma propre conception de
notre devise nationale,
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
FRATERNITÉ
.
Bref, je me demande où va l'internet, si ce n'est
vers une dictature qui laisse de plus en plus tomber son masque. Et
nous sommes piégés dedans, car après tout, après des années de liberté
sur la toile, nous avons nos petites habitudes, nous regardons nos
vidéos sur Youtube, nous communiquons avec nos amis par Skype ou
Facebook, nous postons nos images sur Tumblr ou Instagram, etc (je
généralise, sachant que certains ont d'autres habitudes, mais
l'internaute moyen fait la navette entre ces sites en permanence).
Quand, après des années de loyaux services, nos sites favoris se
transforment en gouffre à billets avec caméra de surveillance intégrée,
la plupart des gens se taisent et se livrent pieds et mains liés,
permettant ainsi le contrôle global des foules et l'abolition des
libertés individuelles. Quant aux débrouillards qui migrent sur d'autres
sites, les lois qui passent en douce dans nos beaux pays permettent de
les passer sous silence et de les garder à l'oeil malgré tout.
Que
pensez-vous de l'avenir d'Internet, et surtout de ses internautes ?
Nous verrons-nous forcés de nous cacher dans les contrées obscures du
DeepWeb ? À suivre...